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Essor et mutation de la production porcine dans le bassin nord-européen : émergence d’un modèle d’élevage transfrontalier inédit

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Notes et études socio-économiques n° 35 - octobre 2011
L’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark deviennent un bassin de production unique avec spécialisation géographique des activités et des flux transfrontaliers importants d’animaux.
Premier marché de consommation de porc de l’UE, l’Allemagne a une position géographique qui facilite les échanges. Sa politique de modération salariale a rendu son industrie très compétitive et lui a permis de s’imposer à l’export. Plus rentable, l’engraissement s’est développé au détriment du naissage. En 2010, l’Allemagne a importé plus de 9 millions de porcelets et 5 millions de porcs charcutiers, venant principalement du Danemark et des Pays-Bas. L’export en vif traduit moins un choix stratégique qu’une perte de compétitivité de l’abattagedécoupe au Danemark et une forte pression environnementale aux Pays-Bas. Cette situation conduit à un prix du porc bas et à des surcoûts en engraissement.

Ces dix dernières années, 7 élevages de truies sur 10 ont disparu au Danemark, 6 sur 10 aux Pays-Bas. La taille moyenne augmente très rapidement sous l’effet d’une restructuration accélérée qui dote ces pays d’outils de production compétitifs, avec des bâtiments modernes, rationnels et aux normes, et les meilleures performances techniques mondiales. Mais cette mutation de la production porcine nord-européenne est porteuse de risques économiques (endettement des fermes), sociaux (hégémonie du modèle d’élevage) et sanitaires (flux d’animaux vivants).

À l’avenir, la production ne devrait pas augmenter sensiblement au Danemark et aux Pays- Bas, limitée par l’environnement. Leur spécialisation en naissage devrait se poursuivre pour alimenter l’Allemagne durablement déficitaire en porcelets. L’échéance 2013 de la mise aux normes des élevages de truies pourrait y conduire à la disparition de nombreux petits naisseurs du sud. Dans le nord-ouest « saturé » par le développement de l’engraissement, l’opposition sociétale et les difficultés d’accès au foncier limitent les perspectives de croissance.
par Christine Roguet, Michel Rieu

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