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Les structures et politiques agricoles des PECO sous fortes contraintes sociales et budgétaires : quelles transitions vers l’intégration européenne ?

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Notes et Etudes Economiques n° 13 - mars 2001
La Pologne, la Hongrie et la République tchèque fournissent 93 % de la production agricole des 5 premiers pays d’Europe centrale et orientale candidats à l’intégration dans l’Union européenne. Dans ces trois pays, la sous-compétitivité caractérise l’agriculture, qui souffre de forts handicaps structurels.
Les possibilités d’intensification sont très faibles, les capacités d’investissement limitées. Le suremploi agricole, protégé par diverses mesures de politique agricole, est endémique. Le foncier fragmenté empêche la création de nouvelles exploitations privées. Le potentiel d’augmentation de la production reste largement “ virtuel ”, sur les grandes exploitations sociétaires héritées de la période communiste (Hongrie, république tchèque) comme sur les unités familiales restructurées à partir des petites exploitations privées (Pologne), En effet, les politiques locales, d’ailleurs soumises à une forte contrainte budgétaire, ne peuvent se permettre de transformer en chômeurs une grande partie des agriculteurs marginaux. Et les produits exportables à des prix inférieurs à ceux de l’Union ne répondent pas aux mêmes standards de qualité.
En outre, la compétitivité-prix de l’offre des petites exploitations n’est qu’apparente. Il s’agit de prix ne rémunérant pas, ou très peu, le travail familial. Le coût de ce travail est principalement couvert par des revenus non-agricoles (dont les retraites), majoritaires dans les revenus des ménages d’exploitants, outre l’autoconsommation. Cette agriculture de semi-subsistance peut résister de façon transitoire. Mais elle ne peut passer à l’agriculture familiale intensive à l’occidentale, faute de capacités d’investissement.
Sur les grandes exploitations sociétaires, le recours au salariat permanent reste massif et obère la productivité du travail. La compression des coûts de production, au lieu de refléter l’amélioration de la productivité des facteurs, résulte d’une dynamique récessive : non-investissement, autofourniture, décapitalisation.
Ainsi, en dépit d’une dotation (souvent présentée comme avantageuse) en terres sous-utilisées et en main-d’œuvre bon marché, les agricultures de ces pays risquent de mettre de nombreuses années avant de pouvoir surmonter leurs handicaps structurels et budgétaires.
Quels sont les impacts possibles de l’intégration ? Dans l’hypothèse d’une absence totale de protection, l’élevage et les emplois qui lui sont liés reculeraient fortement ; l’octroi aux PECO des paiements compensatoires de l’élevage européen ne ferait qu’atténuer ce recul, sans l’annuler. En revanche, l’offre céréalière nette des PECO pourrait augmenter, si les paiements compensatoires étaient accordés à leurs producteurs. Ils stimuleraient en effet l’intensification et la spécialisation céréalières des grandes exploitations, selon un scénario déjà observé dans les nouveaux länder en Allemagne.
par Alain Pouliquen - Institut national de la recherche agronomique (INRA) - Economie et sociologie rurale (ESR) - laboratoire de Montpellier

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